Il y a deux ans la résistante réunionnaise Marguerite Jauzelon nous quittait

Le vendredi 10 février 2023, la Réunionnaise Marguerite Jauzelon est décédée à l’âge de 105 ans. Née à la Ravine Creuse en 1917, cette ancienne institutrice et ambulancière a rejoint les rangs de la France Libre durant la Seconde Guerre mondiale. 

 

 Photo: Yann Huet pour Le Quotidien

Le 23 novembre 1943, la jeune institutrice embarque sur le  vapeurGalliéni avec cinquante autres jeunes réunionnaises. À Madagascar le capitaine responsable de la formation décide que Marguerite Jauzelon sera secrétaire. Marguerite Jauzelon s'obstine et obtiendra finalement un poste d'ambulancière. En mai 1944 elle embarque à Tamatave et arrive à Alger le 7 juillet de la même année. Puis direction Oran, où elle est affectée au 431ème Bataillon Médical Colonial. Marguerite Jauzelon est nommée chef de voiture d'une ambulance qu'avec sa coéquipière elles baptisera " L'hirondelle ". Le 29 juillet 1944 elle quitte Oran à bord du Sidi-Brahim, au sein d'un immense convoi à destination de la Corse.

 Le débarquement en Provencese profil et Marguerite Jauzelon embarque le 21 août au volant de son ambulance sur un LST de l'US Navy, qui fonce le 23 août au matin vers la plage de la Nartelle près de Sainte-Maxime. Les roues dans l'eau, crabot enclenché, Marguerite lance son ambulance Dodge 4x4 et franchit la plage. Elle raconte : " C'est la première fois que je foule le sol de la métropole. Quelle émotion ! Autour de nous le canon tonne. Les montagnes flambent. Cette fois-ci, c'est bel et bien le front. " Direction Cavalaire, puis Toulon " dît-elle. Le long du chemin, on nous ovationne, on nous offre les fruits de l'été provençal ", se souvient Marguerite. A Toulon, première mission des ambulancières : évacuer les blessés du Fort Ste Marguerite où les milliers d'Allemands qui y sont retranchés se sont rendus. 26 août Salon de Provence, Solliès-Pont, Pont St Esprit : c'est la remontée de la vallée du Rhône avec la 1ère Armée. Elle prend ensuite part à la bataille des Vosges, puis aux combats de la poche de Colmar. L'hiver 1944-45 est rude en Alsace pour nos braves petites réunionnaises qui découvrent les joies de la conduite sur neige et verglas. La conduite de nuit feux éteints ajoute aux risques.  Le Rhin franchi sur un pont de bateaux par la 1ère Armée, elle entre en Allemagne en avril 1945.  Marguerite Jauzelon n'est pas seule puisque ce sont neuf ambulancières réunionnaises qui se côtoie à Reichenau près  du lac de Constance. Elle finira par revenir à La Réunion en 1946 où elle reprend son métier d'institutrice.

 

 

  Pour en savoir plus  De La Réunion à l'Allemagne 1939-1945: Le périple d'une ambulancière et d'un résistant, de Jehanne-Emmanuelle Monnier, 2009, Surya édition