Léon de Lepervanche, résistant communiste
Léon Méziaire de Lépervanche, dît Léon de Lépervanche, surnommé "Ti Louis" (1907-1961) est un homme politique qui tient une place particulière dans l’histoire de La Réunion durant la Seconde Guerre mondiale du fait de son implication dans la "Libération" de l’île en novembre 1942.
Léon de Lépervanche a un parcours plus qu’atypique, issu de la grande bourgeoisie réunionnaise, il est élève au lycée Lecomte de Lisle. C’est sans doute là bas qu’il entend parler pour la première fois des théories marxistes, et qu'il se forge son bagage idéologique. Rejetant son milieu social d'origine, ses valeurs et le cursus auquel il le prédestinait, il occupe à partir de 1923 un emploi à la C.P.R (Chemin de fer et Port de La Réunion). Il s'engage dès lors dans le militantisme politique et syndical.
Il participe activement à la fondation du puissant syndicat F.R.T (La Fédération Réunionnaise du Travail) qui regroupe bientôt 37 syndicats. Il est au coeur de la grève général de 1937, dont les mots d'ordre sont bien évidemment sociaux mais aussi politiques. Deux versions cohabitent sur son départ en 1938 de la CPR, il aurait été révoqué ou aurait démissionné en solidarité avec un camarade syndicaliste exclu de la CPR.
La surveillance de Léon de Lépervanche est renforcée durant les premiers mois de la guerre à la suite de la signature du pacte germano-soviétique, qui lie l’Allemagne nazie à l’URSS. Le nouveau gouverneur Pierre Aubert resté fidèle à Vichy renforce encore plus la répression contre les militants communistes. Léon de Lépervanche étant identifié comme un opposant clairement déclaré au régime. Il sera arrêté deux fois et condamné à 3 mois de prison et 50 francs d’amende puis traduit devant la «cour criminelle spéciale» à cause de ses prises de position dans la presse. Le pouvoir local aux ordres de Vichy lui prête aussi l’intention fausse de s’enfuir à l’île Maurice par bateau. Durant cette période, il se fait vendeur de manioc, activité qui lui permet peut être d'entretenir son réseau politique malgré la répression.
Le 28 novembre 1942 au matin, Léon de Lépervanche prend la tête de l'insurrection communiste qui agite la ville du Port. Il a sans aucun doute réussi à maintenir une cellule clandestine et à entretenir des liens avec des militants communistes et cela au nez et à la barbe de la surveillance du gouvernement. A 8h suite à l'annonce de l'arrivé du Léopard en rade de Saint-Denis, avec ses partisans ils investissent la mairie et s'empare du maire pétainiste Léon Coaquette et installe un comité de Salut public. Léon de Lépervanche nommé "commissaire du peuple" se déclare dans la foulée au service de la France Libre. Ils s'attaquent ensuite à la gendarmerie avec l'objectif de s'emparer de nouvelles armes. Durant la journée fatidique du 28, il participe également en liaison avec le Léopard à la réduction de la batterie de 95 mm qui défend les installations portuaires de la ville. Après des échanges de tir avec les soldats vichystes, durant lequel un des militants communistes est tué et le lieutenant vichyste Emile Hugot grièvement blessé, son action permet d'obtenir le départ des soldats vichystes.
Il sera après guerre maire du Port en étant élu en 1945 et président du conseil général de La Réunion en 1947. Un établissement scolaire du Port porte désormais son nom pour lui rendre hommage.
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